Inquiétant, troublant, déroutant.
L’oeuvre
de l’artiste Popay ne laisse surtout pas indifférent et poursuit le spectateur,
avisé ou vierge, pendant des jours.
Né
à Barcelone de mère parisienne et de père catalan aux racines andalouses,
Popay, encore enfant, émigre en France au gré des jobs de papa architecte. Plus
tard il retourne à la ville qui l’a vu naître pour y travailler avec un autre
artiste, Javier Mariscal, dans son usine-atelier, avant de s’envoler de nouveau.
Touche-à-tout,
curieux, voulant tout savoir, tout connaître, tout goûter, l’artiste se forme
au gré des énormes possibilités qu’il découvre jour à jour, engloutissant
techniques, esthétiques et goûts avec la voracité des affamés de vie. Du dessin
au street-art, du tableau au mur, de l’aimable à la provocation.
Devant
son oeuvre la plus récente une chose est claire : si vous cherchez un
p’tit tableau mignon et sympa pour la salle de séjour de votre pavillon de
banlieue, Popay n’est pas votre homme.
L’artiste
vous crache en pleine figure des visages mordus par la vérole de la vie. Des
yeux qui vivent dans l’horreur, des expressions construites à partir de la
peur. D’un jour à jour qui nous étrangle.
Du
matos pas rassurant pour un sou, j’vous jure. Pour afficher une de ses
toiles-manifeste, toiles-dénonce, toiles-secousse ou insulte ou pleur il vous
en coûtera quelques doses de courage et de sincérité. Quelques aveux devant la glace, vous
regardant droit dans les yeux et vous posant quelques questions essentielles.
La vie, la naissance, le présent, la faim, le futur, la faim, la peur, la faim,
la chiasse du lendemain. Le noir, les couleurs, la lumière.
Pas
commode, ce mec. Pas facile à avaler. C’est pas le style caramel à la menthe.
Pas le genre des sucettes à l’anis. Lui c’est le coup de poing au bas-ventre au
point de vous couper le souffle et de vous faire vomir le repas du dimanche.
Malgré
ça, malgré ce premier abord puissant aux bords effilés comme des couteaux de
boucher vous y découvrirez une sensibillité cachée et d’autant plus émouvante
que tapie derrière des montagnes de roche volcanique.
Touché,
révolté, militant contre toutes les misères, les mensonges, les accords en
sous-main, les alliances des puissants. Les périféries grises, les futurs
inexistents, les sans visage, sans gueule, sans yeux, sans futur.
Popay
milite dans ce parti, y vit, s’en mêle et accouche des images qui ne peuvent
que nous toucher de près.
Qui
ne peuvent que nous rappeller l’étroite, la mince, la presque inexistente ligne
entre le oui et le non, le bien et le mal, la folie et la raison. Le bien-être
et la misère, le fou-rire et les sanglots.
Le
regard décharné et sans concessions sur le monde qui l’envolte,
Popay-l’artiste, Popay l’homme lutte et se débat et tire des conclusions aux
mille couleurs puissantes, voir sauvages, qui ne laissent pas indifférents ceux
qui s’y approchent.
C’est
pas le meilleur apéro possible, je vous l’accorde, mais c’est puissant, c’est
drôlement beau et ça nous rappelle que nous sommes –encore- vivants et qu’il
est temps de réagir, de se magner le train et de fouiller du regard le regard
des autres.
Artiste,
visionnaire, leader, précurseur. Homme.
Ne
manquez pas son exposition à Marseille, à la Galerie Association d’Idées, 56,
rue Sainte.
Pierre
Roca
2 comentaris:
el mejor texto que se escrivio sobre mi trabajo! Un GRAN MERCI!
Merci à toi de l'avoir apprécié.
Je vais te faire arriver celui que j'ai fait pour l'exposition "Dibujar y comer", de Mariscal, dont j'ai été le comissaire.
Je te souhaite le succès que tu mérites sans aucun doute.
À bientôt!
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